jeudi 28 mai 2009

L'unilinguisme de Borden jugé inacceptable

L'absence de services en français à la base militaire de Borden est « inacceptable » et soulève des questions de « justice fondamentale » pour les militaires francophones, selon le nouvel ombudsman de la Défense nationale, Pierre Daigle.

Lors de sa comparution devant le Comité des langues officielles, Pierre Daigle n'y est pas allé par quatre chemins pour expliquer sa frustration devant l'injustice vécue par les militaires francophones, à la base militaire de Borden, en Ontario, qui est la plus importante base de formation des Forces, où passent 15 000 militaires par an, dont 1500 francophones.

« Je peux dire que les problèmes que nous avons remarqués touchant les langues officielles sont inacceptables », a mentionné l'ombudsman Daigle, selon lequel ce dossier est devenu sa « première priorité » depuis son arrivée en poste, en février dernier. Plut tôt, il avait expliqué que les Forces canadiennes avaient eu un an et demi pour régler ces problèmes de « justice fondamentale » et « n'en ont tout simplement pas fait assez » a dé­­claré M. Daigle. « Les questions relatives à la sécurité, à la santé, à l'entraînement, à la formation et aux services aux gens sont fon­­damentales, a-t-il rappelé.

L'enquête à Borden avait débuté en novembre 2006 après une visite de la base par l'ex-ombudsman Yves Côté. L'ombudsman des Forces a rappelé qu'au début de 2007, les Forces canadiennes avaient informé le bureau qu'ils avaient fait des progrès dans le dossier. « On a envoyé une équipe pour vérifier et il n'y avait rien qui s'était produit à ce moment-là » a-t-il rappelé aux députés, ajoutant que « la majorité des re­­commandations importantes du bureau n'avaient pas encore été abordées ».

Lents à agir

« Pourquoi le temps de réaction est-il si long ? Il faudrait peut-être le demander à ceux qui ont la responsabilité de mettre en place ces recommandations, mais nous, effectivement, on rap­­porte qu'il n'y en a pas assez eu de fait. On dit ça depuis deux ans », a dit l'ombudsman Daigle.

Dans une lettre du mois d'août 2008 au chef d'État-major de la Défense, que LeDroit avait dévoilée en exclusivité, l'ombudsman intérimaire Mary McFadyen l'avait informé de deux do­­maines de préoccupation qu'il jugeait « d'importance critique » au sujet de la formation et des services essentiels de santé et de police.

Le député bloquiste de Gatineau, Richard Nadeau, avait ré­­vélé, la semaine dernière, que les chiffres obtenus du ministè­­re de la Défense révélaient que jusqu'à 77 % de certains cours n'é­­taient offerts qu'en anglais. Il ajoutait avoir aussi entendu dire de bonne source, sans en avoir la preuve, qu'il n'y aurait que 16 cours en français parmi les 600 offerts en aviation à Borden.

Pour le député libéral Jean-Claude D'Amours, de Madawaska-Restigouche, le témoignage de l'ombudsman devant le comité a de quoi inquiéter.

« Les gens à la tête du ministère et à l'État-major, devraient être plus sérieux dans leur travail », a rappelé le député D'Amours. « Imaginez lorsqu'on leur donne des ordres sur le champ de tir ou qu'on va leur donner des ordres sur le terrain, dans un théâtre de guerre, à quelle sorte de situation dramatique on pourrait faire face. »

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