mercredi 8 juillet 2009

Écrasement du Griffon: l'armée écarte les frappes talibanes

«Grâce à l'arrivée des Griffon et des Chinook, [MM. Audet et Joanette] ont joué un rôle important, ils ont réduit le risque d'exposition [des militaires canadiens] aux bombes artisanales et ont fourni un support aérien aux combats au sol.» - Jonathan Vance, brigadier-général et commandant de la Force opérationnelle interarmées du Canada à Kandahar

(Québec) L'écrasement de l'hélicoptère Griffon dans lequel deux soldats de Valcartier ont péri, lundi, en Afghanistan, pourrait avoir été causé par une déficience mécanique ou une erreur humaine.

Mardi, les Forces canadiennes ont écarté la possibilité que l'hélicoptère se soit écrasé à la suite de frappes talibanes, ouvrant la porte à ces deux hypothèses.

Une enquête a été amorcée pour déterminer la cause exacte de l'écrasement, qui a coûté la vie au caporal-chef Pat Audet, 38 ans, de Montréal, et au caporal Martin Joanette, 25 ans, de Saint-Calixte, dans Lanaudière.

Un soldat britannique a également été tué et trois autres soldats canadiens qui se trouvaient à bord de l'appareil ont été blessés, mais ils ont pu s'éloigner par leurs propres moyens de l'endroit de l'écrasement, ont indiqué les Forces canadiennes dans un communiqué.

Ces militaires, dont l'identité n'a pas été révélée, ont ensuite été transportés à la base de Kandahar pour être soignés. Deux d'entre eux sont retournés au travail et le troisième était dans un état stationnaire, mardi. Les deux pilotes auraient survécu à l'accident.

Membres de l'équipage aérien, les soldats Audet et Joanette sont morts lundi lorsque leur hélicoptère s'est écrasé au décollage, sur la base américaine d'opérations avancées de Tarnak Va Jaldak, dans la province de Zaboul, à environ 80 kilomètres au nord-est de Kandahar.

Cette base est située hors du théâtre d'opération des Forces canadiennes, mais l'équipage était apparemment en mission de transport. Le déploiement d'une force héliportée canadienne en Afghanistan ne remonte qu'au début de cette année. Stationnés à la base aérienne de Kandahar, les huit hélicoptères de transport tactique Griffon servent surtout à escorter les six hélicoptères de transport moyen à lourd CH-147 Chinook.

En limitant les convois terrestres, les Griffon et les Chinook permettent entre autres aux soldats d'esquiver la menace des engins explosifs improvisés posés par les insurgés sur les routes, qui sont la cause principale des pertes canadiennes en Afghanistan.

«Grâce à l'arrivée des Griffon et des Chinook, [MM. Audet et Joanette] ont joué un rôle important, ils ont réduit le risque d'exposition [des militaires canadiens] aux bombes artisanales et ont fourni un support aérien aux combats au sol», a commenté mardi matin, sur la base de Kandahar, le commandant de la Force opérationnelle interarmées du Canada à Kandahar, le brigadier-général Jonathan Vance.

Ce premier écrasement d'un hélicoptère canadien en Afghanistan soulève des questions sur l'utilisation de Griffon dans ce pays. Même s'ils sont réputés pour leur fiabilité, ces hélicoptères sont vulnérables à la poussière atmosphérique et ne peuvent parfois pas s'envoler pour cette raison.

«Plus on est en haute altitude et plus il fait chaud, moins l'air est dense. Et les hélicoptères fonctionnent justement avec la densité de l'air», explique le lieutenant-colonel à la retraite Rémy Landry. «Aussi, le sable là-bas, il y en a partout, ça endommage les divers mécanismes et ça a pour effet de rapprocher les périodes d'entretien et d'accélérer l'usure des équipements mécaniques.»

Selon M. Landry, qui fait partie du Groupe d'étude et de recherche sur la sécurité internationale de l'Université de Montréal, les risques d'écrasement ne sont pas nécessairement plus élevés pour autant, puisque l'entretien des hélicoptères est ajusté en conséquence. Par contre, dit-il, il faut être «plus prudent».

La mort des soldats Audet et Joanette porte à 126 le nombre de militaires canadiens tués en Afghanistan depuis le début de la mission. Au cours du dernier mois, six soldats canadiens, dont cinq de Valcartier, sont morts dans ce pays de l'Asie centrale en proie à l'insurrection talibane.

samedi 4 juillet 2009

La moitié des blindés de l'armée sont hors d'usage

Les véhicules de l'armée de terre sont durement mis à l'épreuve en Afghanistan, au point où près de la moitié de la flotte est actuellement hors d'usage. Une situation qui inquiète le chef de la Force terrestre, le général Andrew Leslie.

Ottawa -- La flotte de véhicules de transport et de combat de l'armée de terre est en très mauvais état. Les conditions extrêmes de Kandahar, avec la poussière, les variations de température et les attentats, usent prématurément les véhicules, ce qui inquiète l'état-major des Forces canadiennes. Près de la moitié de la flotte est présentement hors d'usage et attend des réparations.

Après la pénurie d'officiers d'expérience et de formateurs qualifiés pour entraîner les recrues de l'armée de terre -- ce qui a donné naissance au phénomène de «l'armée fantôme» révélé par Le Devoir hier --, l'usure des véhicules est la plus importante inquiétude de la Force terrestre, indique un rapport émanant de celle-ci.

Dans un document confidentiel obtenu par Le Devoir en vertu de la Loi d'accès à l'information, le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Andrew Leslie, décrit la situation comme étant «à haut risque».

Ce rapport, intitulé Strategic Operations and Ressource Plan 2008-09, fait état des problèmes au sein de l'armée de terre. Le document de plus de 60 pages a été remis il y a quelques mois au chef d'état-major des Forces canadiennes, le général Walt Natynczyk.

«Le ratio des véhicules hors d'usage atteint un record, avec une moyenne de 35 à 60 % de la flotte qui est actuellement inutilisable. La norme acceptable est estimée à 10-15 %», écrit le général Andrew Leslie.

La mission en Afghanistan est la grande responsable de l'état précaire de la flotte. L'usure des LAVIII, RG-31, chars d'assaut et autres véhicules de l'armée de terre est six fois plus rapide à Kandahar qu'au Canada. Plutôt que les 20 ans de vie normale, l'armée estime qu'un véhicule qui sert en Afghanistan a une durée de vie de trois ou quatre ans.

Aux conditions difficiles du désert afghan, il faut ajouter les engins explosifs improvisés (EEI) et les roquettes (RPG) des talibans, qui font non seulement la vie dure aux militaires, comme en témoignait encore hier le décès tragique d'un soldat canadien, mais également aux véhicules de l'armée.

Les Forces canadiennes ont aussi ajouté énormément de blindage sur les véhicules, question de mieux protéger les soldats. Or les LAVIII, les véhicules de transport et de combat les plus utilisés en Afghanistan, ne sont pas conçus pour déplacer autant de poids. La mécanique (transmission, moteur) est donc particulièrement sollicitée.

Un trou de 264 millions de dollars

Le rythme intense de la mission en Afghanistan et de l'entraînement des soldats avant les déploiements fait en sorte que les véhicules ne sont pas remis en état assez rapidement pour combler tous les besoins. Les véhicules sont donc de moins en moins disponibles au Canada pour l'entraînement régulier des militaires.

Dans le rapport du général Leslie, on évalue le déficit lié à l'entretien des véhicules à 264 millions de dollars. L'armée de terre réclame d'ailleurs une aide d'urgence de 67 millions de dollars pour combler une partie des besoins.

Le document souligne également que le problème est accentué par une pénurie de techniciens spécialisés et de mécaniciens. «Il faut davantage avoir recours à l'expertise civile», note le rapport du général Leslie.

dimanche 28 juin 2009

Les détonations responsables?

OTTAWA | Selon un physiologiste montréalais, certains soldats qui se sentent déprimés, furieux ou agressifs en revenant de leur mission en Afghanistan pourraient souffrir de blessures physiques causées par une surexposition aux coups de feu et aux explosions, et non de troubles psychologiques causés par le stress.

Les Forces canadiennes déploient présentement d'énormes efforts afin d'aider les troupes avec leurs problèmes mentaux, allant même jusqu'à lancer une nouvelle campagne de prévention et de sensibilisation cette semaine.

Mais Thomas Fox, chercheur et physiologiste au Centre Hyperbare de l'Île à Pincourt en Montérégie, croit que quelques-uns des soldats qui reçoivent un diagnostic de trouble de stress post-traumatique (TSPT) pourraient bénéficier d'un traitement pour les blessures cervicales «causées par des explosions».

«C'est exactement la même constellation de signes et de symptômes», a-t-il déclaré.

Parmi les symptômes du TSPT, on retrouve la dépression, la colère, l'irritabilité, l'insomnie et la perte de mémoire. Les victimes peuvent également devenir violentes ou suicidaires.

Selon M. Fox, de plus en plus de recherches démontrent que de petites bulles d'air peuvent se former dans le corps des soldats exposés à des échanges de coups de feu intenses ou à des détonations d'engins explosifs improvisés (EEI). Ces bulles peuvent éventuellement se frayer un chemin jusqu'au cerveau.

«On ne peut pas ignorer les effets secondaires des EEI. C'est un des meilleurs moyens d'engager le combat contre une force supérieure», ajoute-t-il. «C'est l'arme qui a causé le plus de pertes de vies humaines au cours de cette guerre.»

Thomas Fox, qui a servi dans l'armée américaine et qui a déjà donné des présentations et des conférences auprès de responsables du gouvernement américain, affirme que les effets des échanges de coups de feu et des EEI sont cumulatifs en ajoutant que les traitements d'oxygénothérapie hyperbare pourraient aider à en atténuer l'impact.

Les blessures cervicales indétectables et le TSPT ont été qualifiés de «marque de commerce» de la guerre contre le terrorisme. Selon M. Fox, plusieurs soldats éprouvent énormément de frustration lorsqu'ils se font dire qu'ils souffrent de TSPT et qu'ils «refusent de l'admettre» alors qu'ils croient que le problème est de nature physique.

En novembre 2008, la Défense nationale a investi 150 000 $ dans un projet de recherche sur les blessures causées par une surexposition aux explosions, mais le diagnostic demeure controversé.

Les talibans méprisent l'opération canadienne à Salavat

Les talibans estiment que la récente opération canadienne dans le village de Salavat a eu un impact «minime» et ont immédiatement revendiqué une attaque suicide en guise de représailles.

Dans une entrevue à La Presse Canadienne, le porte-parole taliban, Qari Yousaf Ahmadi, a méprisé le bilan positif fait par l'armée de l'opération de deux jours menée dans le district de Panjwaii, dans le sud de l'Afghanistan.

«Ils sont plus que bienvenus s'ils pratiquent ce genre d'opération», a affirmé Qari Yousaf Ahmadi au cours d'un entretien téléphonique.

«Ces opérations affectent très positivement notre stratégie, parce qu'il y a encore plus de personnes qui se joignent à nous», a ajouté le porte-parole taliban.

Des forces militaires canadiennes ont envahi, il y a 10 jours, le village de Salavat, dans une autre tentative visant à déstabiliser un repaire important des insurgés, avant l'élection présidentielle d'août, que les talibans tenteront coûte que coûte de perturber.

Au cours des deux journées de la mission, les Afghans, appuyés par les soldats canadiens, ont passé au peigne fin deux complexes de bâtiments, soupçonnés de servir de bunkers aux talibans, ainsi que les champs environnants. Mais ils n'ont découvert aucune trace de la présence d'insurgés. Ils ont cependant mis la main sur des explosifs, des douilles de balles, des uniformes militaires ainsi que des armes. Un homme a également été arrêté.

Le commandant du 2e Bataillon du Royal 22e Régiment de Valcartier, le lieutenant-colonel Jocelyn Paul, a qualifié l'opération de véritable succès. Selon lui, elle aurait nui aux insurgés, notamment à leur capacité à organiser des attaques.

Toutefois, le porte-parole taliban a balayé ces affirmations, soutenant que les talibans n'avaient peur de rien et que la population afghane était avec eux.

«Nous sommes prêts à les vaincre (les forces internationales) à n'importe quel moment, nous n'avons pas peur», a dit Qari Yousaf Ahmadi.

Les talibans estiment avoir répliqué à l'offensive de Salavat, en provoquant la mort de plusieurs soldats afghans travaillant avec les forces internationales.

Selon les insurgés, un homme nommé Rehamatulla aurait mené une attaque suicide dans le district de Sanzari et aurait tué six membres des forces internationales et 14 soldats afghans.

«L'attaque suicide à Sanzari est également l'un des résultats de l'opération de Salavat», a affirmé le porte-parole taliban.

Le chef du district de Sanzari, Niamatulla Sarhadi, a confirmé que des attaques avaient eu lieu et a confirmé la mort de trois soldats afghans. Toutefois, cinq personnes - dont deux femmes - auraient été blessées, selon lui.

L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a affirmé qu'aucun de ses soldats avait été impliqué.

samedi 13 juin 2009

Aéronautique : le militaire à la rescousse

Les contrats militaires de plusieurs milliards de dollars atténuent l'impact de la récession pour les entreprises du milieu de l'aéronautique dans la région métropolitaine.

La montréalaise CAE, chef de file mondial de technologies de simulation, de modélisation et de formation destinées à l'aviation civile et aux forces armées, a clôturé son exercice 2009 avec des prises de commandes militaires d'une valeur record : 1,09 milliard de dollars.

Cela représente une hausse de 47 % par rapport à l'année précédente et sa plus importante récolte de commandes militaires à ce jour. Sur son tableau de chasse figurent entre autres des contrats avec les gouvernements canadien, australien, britannique et américain.

Pour CAE comme pour nombre des 235 entreprises québécoises du secteur aérospatial, les besoins que suscitent les activités militaires partout dans le monde tombent à point nommé. L'industrie militaire amoindrit de manière importante l'impact de la récession sur ce secteur de notre économie ? le 4e pour son chiffre d'affaires ? qui emploie 42 400 personnes, soit 1 travailleur québécois sur 190.

Éviter les mises à pied massives

Sur l'ensemble des revenus de CAE pour la dernière année (1,6 milliards de dollars), pas moins de 41 % sont directement attribuables à l'industrie militaire. Tout un bond, puisqu'il y a dix ans à peine, ses ventes militaires étaient négligeables, voire inexistantes, dit Nathalie Bourque, vice-présidente aux communications mondiales de l'entreprise.

CAE n'est pas un cas unique. Un nombre croissant de plus petites entreprises cherchent elles aussi à diversifier leurs activités, explique Suzanne Benoît, directrice générale de Aéro Montréal, qui représente la grappe de l'industrie aérospatiale dans la région métropolitaine . « En période d'incertitude, dit-elle, les programmes militaires sont particulièrement appréciés. Personne n'est encore au bord du gouffre, mais on ne peut nier que, pour plusieurs, les débouchés du côté militaire auront permis de réduire, si ce n'est d'éviter les mises à pied massives qu'a connues le secteur depuis le début de l'année. »

L'industrie est effectivement malmenée : 4 360 mises à pieds chez Bombardier Aéronautique, 670 chez CAE, 500 chez Pratt &Whitney et 500 autres chez Bell Helicopter, à Mirabel. Sans compter les emplois perdus, par ricochet, chez les sous-traitants du secteur.

Équilibrer civil et militaire

Ainsi, c'est grâce aux contrats militaires qu'Héroux-Devtek, qui conçoit, fabrique et entretient des trains d'atterrissage, a résisté jusqu'à maintenant aux coupes sombres dans son effectif, alors que la majorité des entreprises de sa taille ont écopé.

L'équilibre que l'entreprise a réussi à établir tant entre le civil et le militaire qu'entre ses clients intégrateurs et les armées a toujours été la grande force de cette entreprise, dit Martin Goulet, ancien analyste de l'industrie, aujourd'hui associé à l'agence de communication Maison Brison, dont Héroux-Devtek est cliente.

Au terme du troisième trimestre de l'exercice de l'entreprise, le militaire représentait pas moins 46 % de ses revenus. Ces ventes sont attribuables autant à des intégrateurs de systèmes militaires, comme Lockheed Martin ou Northrup Grumman, qu'à des clients gouvernementaux, comme la US Air Force, la US Navy et les Forces armées canadiennes.

L'entreprise de Longueuil profite notamment du programme de développement du F-35 Lightning II (le fameux Joint Strike Fighter, ou JSF) pour lequel le département de la Défense américain a recommandé, en avril, une hausse des achats de 14 appareils, en 2009, à 30, en 2010.

Héroux-Devtek a décroché, en avril, un contrat de 50 millions de dollars avec Lockheed Martin Aeronautics Company pour la fabrication de composants structuraux et d'assemblages pour les voilures et le fuselage avant du JSF. Ce mandat s'ajoute à un contrat pluriannuel de 135 millions, obtenu en 2007, pour des cloisons en aluminium forgé pour le JSF. Rappelons que ce programme majeur est appelé à remplacer les fameux F-18 qu'utilisent la majorité des armées de la planète.

CMC Électronique ? anciennement Canadian Marconi ?, profite non seulement du développement du JSF, mais aussi de la mise en production, après des années de préparation, de l'habitacle du T-6B, un avion de formation militaire produit par l'américaine Hawker Beechcraft.

CMC fabrique des produits d'avionique destinés à l'habitacle de plusieurs aéronefs. Elle produit également des microcomposants électroniques pour les missiles de nombreux fabricants d'armement, comme l'américaine Raytheon. Ces contrats militaires lui permettent d'essuyer les pertes importantes qu'elle prévoit du côté de l'aviation d'affaires. Depuis environ cinq ans, CMC tire la moitié de ses revenus du secteur militaire, comparativement à 80 % auparavant. Ce nouvel équilibre lui permet de traverser la crise actuelle sans trop de dommages -seulement 70 mises à pied depuis janvier ? et d'envisager le ralentissement prochain des dépenses militaires avec sérénité.

« Cet équilibre permet de réduire l'impact des ralentissements cycliques tant des côtés civil que militaire », explique Janka Dvornik, directrice des communications de l'entreprise.

Prolonger la vie des vieux chasseurs

Paradoxalement, le resserrement des dépenses d'armement risque de jouer en faveur de sociétés qui se consacrent presque exclusivement à l'industrie militaire, car celles-ci obtiendront des contrats de maintenance à défaut de production. Parmi celles-ci, L-3 MAS, constituée des anciennes activités de défense de Bombardier. Aujourd'hui, pas moins de 90 % de ses revenus sont directement liés à l'industrie militaire.

L'entreprise de Mirabel, qui emploie 1 000 personnes, s'est fait connaître comme l'un des grands spécialistes de l'entretien des chasseurs F-18. Elle se définit aujourd'hui davantage comme un spécialiste des structures d'aéronefs, et travaille de plus en plus, non seulement en maintenance d'aéronefs, mais aussi au prolongement de leur vie utile.

« Nous ne sommes pas imperméables à la récession, mais nous en récoltons certains effets positifs », fait remarquer Sylvain Bédard, président.

En partenariat avec BAE Systems, L-3 vient d'obtenir un contrat de la Royal Australian Air Force pour la maintenance et la modification à long terme de sa flotte de F-18. Le contrat d'une durée initiale de quatre ans, assorti d'options de prolongation de 6 ans, totalise 150 millions de dollars. L-3 MAS profite ainsi du désir des gouvernements ? celui des ÉtatsUnis au premier chef ? de différer l'achat de nouvelles flottes pour leur armée.

samedi 6 juin 2009

Le Canada se souvient

Les films de guerre hollywoodiens n'évoquent presque jamais le rôle joué par le Canada lors du Débarquement des alliés en Normandie, le 6 juin 1944.

En 1994, lors du 50e anniversaire du jour J, les pubs anglais de Portsmouth, port d'embarcation de 20 000 soldats canadiens, arboraient tous des drapeaux américains, anglais et français. Mais les participants à ces célébrations n'ont jamais pu voir le « Red Ensign », le drapeau canadien pendant la guerre.

Mais le premier ministre Stephen Harper, à la tête d'une délégation canadienne en France ce week-end, voudra rappeler la contribution canadienne lors du 65e anniversaire du Débarquement en Normandie, qui avait contribué à chasser l'armée d'Hitler d'Europe occidentale.

M. Harper doit assister aujourd’hui aux cérémonies de commémorations sur les plages de Normandie, où tout a commencé. La délégation canadienne se joindra à celles des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, ainsi que d'autres alliés de l'époque, pour une importante cérémonie du souvenir à laquelle assisteron, peut-être pour la dernière fois, des survivants du Débarquement.

En ce 6 juin 1944, plus de 14 000 jeunes hommes de la 3e Division d'infanterie canadienne avaient pris d'assaut la plage de Juno; 340 d'entre eux sont morts ce matin-là sous les tirs ennemis.

L'âge moyen des survivants est de 86 ans et bientôt, l'événement ne pourra plus qu'être rappelé dans les livres d'histoire. Les ex-soldats emporteront avec eux les souvenirs des émotions intenses vécues lors ces événements.

Projet mémoire

Le gouvernement fédéral a promis jeudi 2,6 millions $ au Projet mémoire, de l'Institut Dominion. Ce projet vise à constituer des archives complètes de la participation du Canada à la Deuxième Guerre mondiale, en numérisant des milliers de récits d'anciens combattants. L'organisation a travaillé jusqu'ici avec 1 500 vétérans et planifie mettre en ligne les archives orales.

Le directeur exécutif de l'Institut, Marc Chalifoux, a affirmé que ce type de projet aurait dû être réalisé avec les vétérans de la Première Guerre mondiale. Il ne reste plus qu'un seul vétéran canadien encore en vie pour se rappeler ce premier conflit.


vendredi 5 juin 2009

Un grand nettoyage dans le Nord

La saison des travaux ne dure que deux mois et demi. On ne peut donc pas perdre de temps. Or, lorsque le temps est brumeux, il faut ralentir les activités. Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas voir ce qu’on fait, mais plutôt parce qu’on ne peut pas voir les ours.

Pour les entrepreneurs chargés de l’assainissement des stations du Réseau avancé de préalerte (RAPA) dans l’Arctique canadien, les ours représentent un danger bien réel.

« Un ours polaire qui a faim peut poursuivre des humains. Par conséquent, certains employés circulent sur des véhicules tout-terrain à la recherche d’ours », explique le Lieutenant-colonel (retraité) Dave Eagles, gestionnaire du projet d’assainissement du RAPA du MDN.

Lorsqu’ils aperçoivent un des grands mammifères, les éclaireurs lancent des pétards afin d’éloigner les ours. Si cette méthode ne produit aucun résultat, ils utilisent des balles en caoutchouc. On a même dû, à quelques reprises, recourir à des mesures draconiennes pour protéger les travailleurs.

Le projet d’assainissement du RAPA existe depuis les années 1990. Son principal objectif consiste à éliminer les débris et la contamination chimique des stations. On a abandonné des barils à beaucoup de ces dernières. « On ouvre les barils, on teste leur contenu et on les élimine en fonction de ce qu’ils contiennent. À certains endroits, on trouve jusqu’à 20 000 barils », explique le Lcol Eagles.

Comme si l’élimination de ces conte­nants ne représentait pas suffisamment de travail, au fil des décennies, le contenu de barils et d’autres matériaux se sont infiltrés dans le sol à certains endroits. Les agents de contamination vont de l’antigel aux solvants, en passant par les diluants à peinture. L’équipe de nettoyage veille à ce que ces substances soient retirées des lieux, mais aussi à ce que le sol contaminé soit envoyé dans un site d’enfouissement adéquat. Essentiellement, toutes les matières dangereuses provenant du Nord se retrouvent dans des sites d’enfouis­sement destinés précisément aux matières dangereuses situés dans le Sud.

« Si, au fil des ans, une batterie au plomb s’est détériorée, que le plomb s’est décomposé et qu’il s’est infiltré dans le sol, on emportera le sol et la batterie, déclare le Lcol Eagles. La batterie sera envoyée à un endroit où l’on récupérera le plomb, et le sol, dans lequel le plomb est trop dispersé pour que cela vaille la peine de le récupérer, sera envoyé dans un site d’enfouissement spécial. »

On a terminé les travaux d’assainis­sement dans quatorze des 21 stations dont s’occupe le MDN. Le Lcol Eagles et son équipe de Construction de la Défense Canada devraient donc pouvoir respecter la date d’achèvement du projet, prévue pour 2011. D’ici là, on terminera les travaux de construction et les stations retrouveront un état presque naturel.

« À n’importe laquelle des stations après septembre 2011, vous pourrez voir des piles de gravier, où nous aurons construit des sites d’enfouissement et où nous aurons enterré certaines choses. Vous verrez aussi des endroits où la végétation, le peu qu’il y a, a été un peu dérangée, mais c’est tout », explique le Lcol Eagles.

Le projet d’assainissement du RAPA se poursuivra jusqu’en 2016. On continuera de surveiller les sites afin d’éviter toute fuite et contamination.

Les endroits éloignés et le mauvais temps sont deux des principales difficultés auxquelles font face le Lcol Eagles et son équipe, des consultants scientifiques et techniques, ainsi que des entrepreneurs retenus pour effectuer les travaux. On a amorcé les travaux à six des sept stations restantes. Pour ce qui est de la septième, l’entrepreneur y expédie de l’équipement, des excavatrices, des camions à benne et des bouteurs, il établit des campements provisoires et effectue les préparatifs afin que les travaux puissent commencer dès l’été prochain. « Si le temps se montre clément, l’entrepreneur réussira peut-être à accomplir une semaine de travail avant que l’hiver n’arrive et qu’il ne doive cesser ses activités pour le reste de l’année. »

Cependant, les entrepreneurs n’ont pas toujours de la chance. Ils doivent s’attendre à ce qu’il neige à n’importe quel moment de l’année. Les précipitations ne durent habituellement pas, mais, comme l’explique le Lcol Eagles : « Il ne faut qu’une forte chute de pluie ou de neige pour qu’on se retrouve dans la boue. »