mercredi 8 juillet 2009

Écrasement du Griffon: l'armée écarte les frappes talibanes

«Grâce à l'arrivée des Griffon et des Chinook, [MM. Audet et Joanette] ont joué un rôle important, ils ont réduit le risque d'exposition [des militaires canadiens] aux bombes artisanales et ont fourni un support aérien aux combats au sol.» - Jonathan Vance, brigadier-général et commandant de la Force opérationnelle interarmées du Canada à Kandahar

(Québec) L'écrasement de l'hélicoptère Griffon dans lequel deux soldats de Valcartier ont péri, lundi, en Afghanistan, pourrait avoir été causé par une déficience mécanique ou une erreur humaine.

Mardi, les Forces canadiennes ont écarté la possibilité que l'hélicoptère se soit écrasé à la suite de frappes talibanes, ouvrant la porte à ces deux hypothèses.

Une enquête a été amorcée pour déterminer la cause exacte de l'écrasement, qui a coûté la vie au caporal-chef Pat Audet, 38 ans, de Montréal, et au caporal Martin Joanette, 25 ans, de Saint-Calixte, dans Lanaudière.

Un soldat britannique a également été tué et trois autres soldats canadiens qui se trouvaient à bord de l'appareil ont été blessés, mais ils ont pu s'éloigner par leurs propres moyens de l'endroit de l'écrasement, ont indiqué les Forces canadiennes dans un communiqué.

Ces militaires, dont l'identité n'a pas été révélée, ont ensuite été transportés à la base de Kandahar pour être soignés. Deux d'entre eux sont retournés au travail et le troisième était dans un état stationnaire, mardi. Les deux pilotes auraient survécu à l'accident.

Membres de l'équipage aérien, les soldats Audet et Joanette sont morts lundi lorsque leur hélicoptère s'est écrasé au décollage, sur la base américaine d'opérations avancées de Tarnak Va Jaldak, dans la province de Zaboul, à environ 80 kilomètres au nord-est de Kandahar.

Cette base est située hors du théâtre d'opération des Forces canadiennes, mais l'équipage était apparemment en mission de transport. Le déploiement d'une force héliportée canadienne en Afghanistan ne remonte qu'au début de cette année. Stationnés à la base aérienne de Kandahar, les huit hélicoptères de transport tactique Griffon servent surtout à escorter les six hélicoptères de transport moyen à lourd CH-147 Chinook.

En limitant les convois terrestres, les Griffon et les Chinook permettent entre autres aux soldats d'esquiver la menace des engins explosifs improvisés posés par les insurgés sur les routes, qui sont la cause principale des pertes canadiennes en Afghanistan.

«Grâce à l'arrivée des Griffon et des Chinook, [MM. Audet et Joanette] ont joué un rôle important, ils ont réduit le risque d'exposition [des militaires canadiens] aux bombes artisanales et ont fourni un support aérien aux combats au sol», a commenté mardi matin, sur la base de Kandahar, le commandant de la Force opérationnelle interarmées du Canada à Kandahar, le brigadier-général Jonathan Vance.

Ce premier écrasement d'un hélicoptère canadien en Afghanistan soulève des questions sur l'utilisation de Griffon dans ce pays. Même s'ils sont réputés pour leur fiabilité, ces hélicoptères sont vulnérables à la poussière atmosphérique et ne peuvent parfois pas s'envoler pour cette raison.

«Plus on est en haute altitude et plus il fait chaud, moins l'air est dense. Et les hélicoptères fonctionnent justement avec la densité de l'air», explique le lieutenant-colonel à la retraite Rémy Landry. «Aussi, le sable là-bas, il y en a partout, ça endommage les divers mécanismes et ça a pour effet de rapprocher les périodes d'entretien et d'accélérer l'usure des équipements mécaniques.»

Selon M. Landry, qui fait partie du Groupe d'étude et de recherche sur la sécurité internationale de l'Université de Montréal, les risques d'écrasement ne sont pas nécessairement plus élevés pour autant, puisque l'entretien des hélicoptères est ajusté en conséquence. Par contre, dit-il, il faut être «plus prudent».

La mort des soldats Audet et Joanette porte à 126 le nombre de militaires canadiens tués en Afghanistan depuis le début de la mission. Au cours du dernier mois, six soldats canadiens, dont cinq de Valcartier, sont morts dans ce pays de l'Asie centrale en proie à l'insurrection talibane.

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