vendredi 5 juin 2009

Un grand nettoyage dans le Nord

La saison des travaux ne dure que deux mois et demi. On ne peut donc pas perdre de temps. Or, lorsque le temps est brumeux, il faut ralentir les activités. Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas voir ce qu’on fait, mais plutôt parce qu’on ne peut pas voir les ours.

Pour les entrepreneurs chargés de l’assainissement des stations du Réseau avancé de préalerte (RAPA) dans l’Arctique canadien, les ours représentent un danger bien réel.

« Un ours polaire qui a faim peut poursuivre des humains. Par conséquent, certains employés circulent sur des véhicules tout-terrain à la recherche d’ours », explique le Lieutenant-colonel (retraité) Dave Eagles, gestionnaire du projet d’assainissement du RAPA du MDN.

Lorsqu’ils aperçoivent un des grands mammifères, les éclaireurs lancent des pétards afin d’éloigner les ours. Si cette méthode ne produit aucun résultat, ils utilisent des balles en caoutchouc. On a même dû, à quelques reprises, recourir à des mesures draconiennes pour protéger les travailleurs.

Le projet d’assainissement du RAPA existe depuis les années 1990. Son principal objectif consiste à éliminer les débris et la contamination chimique des stations. On a abandonné des barils à beaucoup de ces dernières. « On ouvre les barils, on teste leur contenu et on les élimine en fonction de ce qu’ils contiennent. À certains endroits, on trouve jusqu’à 20 000 barils », explique le Lcol Eagles.

Comme si l’élimination de ces conte­nants ne représentait pas suffisamment de travail, au fil des décennies, le contenu de barils et d’autres matériaux se sont infiltrés dans le sol à certains endroits. Les agents de contamination vont de l’antigel aux solvants, en passant par les diluants à peinture. L’équipe de nettoyage veille à ce que ces substances soient retirées des lieux, mais aussi à ce que le sol contaminé soit envoyé dans un site d’enfouissement adéquat. Essentiellement, toutes les matières dangereuses provenant du Nord se retrouvent dans des sites d’enfouis­sement destinés précisément aux matières dangereuses situés dans le Sud.

« Si, au fil des ans, une batterie au plomb s’est détériorée, que le plomb s’est décomposé et qu’il s’est infiltré dans le sol, on emportera le sol et la batterie, déclare le Lcol Eagles. La batterie sera envoyée à un endroit où l’on récupérera le plomb, et le sol, dans lequel le plomb est trop dispersé pour que cela vaille la peine de le récupérer, sera envoyé dans un site d’enfouissement spécial. »

On a terminé les travaux d’assainis­sement dans quatorze des 21 stations dont s’occupe le MDN. Le Lcol Eagles et son équipe de Construction de la Défense Canada devraient donc pouvoir respecter la date d’achèvement du projet, prévue pour 2011. D’ici là, on terminera les travaux de construction et les stations retrouveront un état presque naturel.

« À n’importe laquelle des stations après septembre 2011, vous pourrez voir des piles de gravier, où nous aurons construit des sites d’enfouissement et où nous aurons enterré certaines choses. Vous verrez aussi des endroits où la végétation, le peu qu’il y a, a été un peu dérangée, mais c’est tout », explique le Lcol Eagles.

Le projet d’assainissement du RAPA se poursuivra jusqu’en 2016. On continuera de surveiller les sites afin d’éviter toute fuite et contamination.

Les endroits éloignés et le mauvais temps sont deux des principales difficultés auxquelles font face le Lcol Eagles et son équipe, des consultants scientifiques et techniques, ainsi que des entrepreneurs retenus pour effectuer les travaux. On a amorcé les travaux à six des sept stations restantes. Pour ce qui est de la septième, l’entrepreneur y expédie de l’équipement, des excavatrices, des camions à benne et des bouteurs, il établit des campements provisoires et effectue les préparatifs afin que les travaux puissent commencer dès l’été prochain. « Si le temps se montre clément, l’entrepreneur réussira peut-être à accomplir une semaine de travail avant que l’hiver n’arrive et qu’il ne doive cesser ses activités pour le reste de l’année. »

Cependant, les entrepreneurs n’ont pas toujours de la chance. Ils doivent s’attendre à ce qu’il neige à n’importe quel moment de l’année. Les précipitations ne durent habituellement pas, mais, comme l’explique le Lcol Eagles : « Il ne faut qu’une forte chute de pluie ou de neige pour qu’on se retrouve dans la boue. »

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