samedi 29 août 2009

Des députés dans les Forces armées

OTTAWA | Une quinzaine de députés ont troqué leurs complets pour des uniformes militaires au cours de l’été et se sont intégrés aux Forces canadiennes.

Ils se sont joints aux troupes maritimes et terrestres pour effectuer avec elles des exercices d’entraînement. Certains se sont fait tirer dessus, d’autres ont appris à tirer.

Ils ont patrouillé de faux villages afghans et simulé des embuscades contre des supposés repaires de Talibans. « Les simulations de bataille étaient si réalistes, c’est inimaginable, et ce n’est pas un jeu, tout le monde prend ça très au sérieux », a rapporté le député libéral Frank Valeriote.

M. Valeriote et sept autres députés sont récemment revenus d’un séjour de quatre jours au centre d’entraînement militaire de Wainwright (Canadian Manoeuvre Training Centre) en Alberta, où l’armée a tenté de reproduire la vie en Afghanistan et à l’aérodrome de Kandahar. Des Afghano-canadiens ont été embauchés pour jouer le rôle d’Afghans locaux, d’agents de police et d’insurgés talibans.

L’exercice peut sembler bien réel, mais il n’y a pas de vraies munitions, c’est-à-dire que « les engins explosifs improvisés qui explosent sont des jouets sans danger », a expliqué le major Dale MacEachern.

Les députés et les soldats ont été équipés d’une veste avec armes de simulation, sur laquelle des détecteurs ont été introduits pour permettre à celui qui la revêt de savoir où il a été blessé ou s’il est mort après avoir été frappé par les tirs de laser des armes ennemies. De patrouilles en batailles, les divers scénarios sont conçus pour tester la réaction des soldats.

« Ils doivent vivre constamment dans la peur… parce qu’en un certain sens, vous ne savez absolument pas quel individu est dangereux, a relaté la députée conservatrice, Lois Brown. Le kamikaze qui est arrivé (à notre village) avec une bombe ressemblait à n’importe quelle autre personne. » Selon Mme Brown, cette expérience lui a fait doublement apprécier le travail des troupes militaires.

L’objectif du Programme parlementaire des Forces canadiennes consiste à fournir aux décideurs de la nation « des outils pour mieux comprendre les problèmes auxquels font face le ministère de la Défense nationale et les Forces canadiennes », a souligné Alexandra Hernandez, l’organisatrice de l’exercice. Jusqu’à présent, 15 députés y ont participé cet été; d’ici la fin septembre, 38 membres du Parlement devraient avoir réalisé l’exercice.

Certaines sections du programme sont plus populaires que d’autres. « Il y a une liste d’attente pour les forces aériennes », a indiqué Mme Hernandez, ajoutant que la quantité de participants est restreinte parce qu’« il est très difficile d’embarquer plus de deux personnes dans un CF-18 ».

Le chef néodémocrate, Jack Layton, qui a passé 24 heures à bord de la frégate HMCS Halifax au début d’août, devait grimper à bord du bateau sur une corde. « Votre première exposition est très réelle: vous pouvez faire une chute de 50 à 60 pieds si vous vous laissez aller », a-t-il témoigné.

Le député conservateur, Brent Rathgeber, qui a appris à se servir d’une mitrailleuse, était aussi à bord. « Quand vous visez l’océan Atlantique, c’est assez dur de manquer votre cible », a-t-il plaisanté.

D’après les députés, cette expérience leur permettra de prendre des décisions plus éclairées au sujet des militaires lorsqu’ils seront de retour au Parlement.

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