
Le gouvernement fédéral accorde à Boeing un contrat de 1,15 milliard de dollars américains pour lui livrer 15 hélicoptères
Chinook CH-47F destinés aux Forces canadiennes.
Ces appareils, qui seront appelés au Canada CH-147F, permettront aux Forces canadiennes d'atteindre des emplacements éloignés et des zones inaccessibles par avion ou par voie terrestre. En plus d'être utilisés dans des opérations de guerre ou de maintien de la paix, ils pourront servir au pays en cas de catastrophe naturelle.
Le projet inclut un contrat de service et de maintenance de 20 ans, d'une valeur approximative de 2,2 milliards de dollars.En signant ce contrat, Boeing s'est engagé à investir au Canada l'équivalent du montant de la commande. Selon la Défense nationale, l'entreprise a déjà donné un contrat à l'entreprise IMP Aerospace, située en Nouvelle-Écosse, pour fabriquer des composantes des hélicoptères Chinook, y compris les 15 appareils commandés par le gouvernement.
Les hélicoptères seront construits dans une usine de Boeing en Pennsylvanie et seront livrés à la Défense nationale entre 2013 et 2014.Au départ, Ottawa devait acheter 16 nouveaux hélicoptères, mais la commande a été réduite à 15 pour des raisons financières.
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Ottawa confirme l'achat de 15 hélicoptères Chinook Le Québec n'a aucune garantie de toucher sa part de retombées d'un contrat de 3,4 milliards
Ottawa -- Le gouvernement conservateur a finalement réalisé une de ses promesses militaires de 2006 hier en confirmant l'acquisition de 15 hélicoptères Chinook, au coût de 3,4 milliards de dollars. Ces appareils neufs fabriqués par Boeing suscitent bien des questions au sein de l'opposition et l'on ignore quelle utilisation en sera faite alors que la mission en Afghanistan tire à sa fin.
«Ce contrat élève les Forces canadiennes au rang de force de première classe, moderne et flexible, capable de défendre le Canada et les intérêts canadiens au pays et à l'étranger», a déclaré le ministre fédéral de la Défense, Peter MacKay, qui se trouvait à Halifax pour livrer la bonne nouvelle. «Ces hélicoptères sont essentiels pour assurer la sûreté et la sécurité des Canadiens», a-t-il ajouté.
Le Canada achètera auprès de l'américaine Boeing 15 appareils Chinook -- et non pas 16 comme prévu au départ -- au coût de 1,2 milliard de dollars. Une somme supplémentaire d'environ 2,2 milliards est prévue au cours des 20 prochaines années pour leur entretien. Les hélicoptères seront construits aux États-Unis. Toutefois, Boeing s'engage à réinvestir au Canada l'équivalent de la valeur totale du contrat au cours des deux prochaines décennies dans divers projets. Bien que cela soit devenu l'habitude pour ce genre de contrat mammouth, le gouvernement conservateur n'a pas imposé des quotas régionaux d'investissement. Le Québec n'a donc aucune garantie que sa part du marché canadien de l'aéronautique, évaluée à 60 %, sera respectée.
C'est pour cette raison principale que le Bloc québécois se montre critique de cette annonce. «Le gouvernement conservateur soutient qu'il est favorable à l'économie locale, mais ce n'est pas le cas», explique le porte-parole de l'Industrie, le député Robert Bouchard. «Le Québec doit avoir sa juste part.»
À Québec, le ministre du Développement économique, Clément Gignac, n'était pas disponible pour commenter le dossier. Sa porte-parole a seulement indiqué que le ministère avait contacté Ottawa et Boeing pour s'assurer que les entreprises québécoises touchent elles aussi la manne. Le ministre est-il déçu de l'absence de quota? «On n'a pas de commentaire à faire en ce sens, a indiqué Anne-Sophie Desmeules. [...] On est confiant que [sic] ces représentations conféreront des retombées intéressantes pour le Québec.»
Utilité contestée
Le Bloc québécois et le NPD critiquent l'achat parce qu'ils doutent que le Canada ait besoin de tels hélicoptères à la fine pointe de la technologie. Ces appareils servent surtout à transporter de l'équipement militaire et des munitions en théâtre d'opérations comme celui en Afghanistan. Mais les premiers appareils seront livrés en 2013, soit deux ans après que le Canada se sera retiré de cette mission. Le Canada en aura-t-il encore besoin?
«Est-ce qu'on a l'intention de prolonger la mission?», demande Claude Bachand, le porte-parole du Bloc en matière de Défense. «Si on décide de faire une mission en Afrique ou en Haïti, on n'en aura pas vraiment besoin, car les convois routiers coûtent bien moins cher. Les convois aériens sont nécessaires quand on veut voler au-dessus du risque.»
En 2006, les conservateurs avaient promis les Chinook pour assurer la sécurité des militaires en Afghanistan où les engins explosifs artisanaux placés le long des routes font des ravages. Depuis, le Canada a acheté six appareils Chinook usagés des États-Unis, appareils qui sont déjà déployés à Kandahar.
Le NPD se demande si le Canada se sentira obligé de participer à d'autres missions militaires plus musclées pour justifier son équipement. «Est-ce un cas où notre politique de défense sera dictée par notre équipement militaire?», s'interroge Jack Harris.
En entrevue avec Le Devoir en décembre dernier, le chef d'état-major des Forces canadiennes, Walter Natynczyk, s'était dit toujours aussi convaincu du bien-fondé de l'acquisition de ces hélicoptères de transport. «On pourra les utiliser au Canada, pour du transport et des évacuations. Les Chinook peuvent aller là où les avions Hercules [de sauvetage] ne peuvent pas aller. Ce n'est pas seulement pour des opérations très militaires, comme en Afghanistan. On aurait pu les utiliser pour les Jeux olympiques, par exemple. J'aurais aimé les avoir lors du grand verglas au Québec en 1998, pour aider les gens.» Le libéral Denis Coderre, lui, se demande pourquoi avoir alors exigé que les hélicoptères puissent être dotés d'armement. «En quoi les plates-formes d'armement serviront-elles lors de désastres naturels?»
Des hélicoptères basés où?
Par ailleurs, le Bloc québécois s'inquiète de l'emplacement réservé aux futurs hélicoptères. La Défense nationale n'a pas encore fait son choix, mais dit vouloir considérer «l'efficacité opérationnelle, l'infrastructure en général et les coûts de fonctionnement» pour faire cette détermination. Le député Robert Bouchard craint que, pour effectuer des économies d'échelle, la Défense ne cherche à centraliser les appareils à Petawawa, en Ontario, et les 200 emplois d'entretien qui y seront rattachés. Un scénario en ce sens, qui prévoyait aussi le rapatriement de tous les appareils Griffon (dont 10 basés au Québec) et ses 250 emplois, a déjà circulé à la Défense nationale. «On veut qu'au moins la moitié des Chinook soient basés à Bagotville», insiste M. Bouchard.